Démarche artistique


On voit d’infimes paysages d’ailleurs, intracellulaires, vibrants et animés, territoires habités d’étranges sceaux à secrets, comme de minuscules îles d’orfèvrerie chromatique. L’œuvre de Nansky, de saisissante muralité, est une minutieuse scénographie mentale, féérique et envoûtée. Microcosme et macrocosme fusionnent dans la mémoire lointaine d’un vitrail fantasmé, où, parfois, un bleu d’océan, ou bien d’univers, joue sa partition méditative.

 

D’emblée, le point de vue global, élevé et aérien, est celui des voyageurs des confins. S’il y a muraille, un rien organique, et de prodigieuse verticalité, elle ne bloque jamais. Elle fascine. Une respiration d’étendue oxygène à vif cet alphabet premier fait de cases mouvantes, de plaques sensibles et de carreaux animés, en insidieuses et magiques unités vitales. Peut-être à l’origine des temps, voire de nos vies, ces unités naissantes sont autant de talismans précieux, elles se répètent à l’infini, et jamais ne se ressemblent. Ainsi, en pure liberté, l’œil vagabonde sans fin dans cette rêveuse cartographie d’intimité. Art aigu d’extrême fluidité, d’extrême enfouissement, et d’extrême altérité. Nansky traque les fins de la peinture.

 

 

Une couleur dominante emporte l’espace entier du tableau, tandis qu’une transparence liquide absorbe la possible brutalité des couleurs, lesquelles fécondent subtilement l’ensemble. Dilution inventive, pudique et fragile. En lumières voilées d’outre-peinture. En subtils fragments d’immensité. En labyrinthes vibratiles. L’œuvre ainsi créée est une expérience éprouvée et tranchée qui pourrait s’étendre sans limite, jusqu’aux possibles constructions d’un autre monde.

 

« Enfant, je regardais les murs », m’a dit Nansky. L’eau de ses profondeurs est un miroir sans âge.

 

 

Christian Noorbergen